TEXTES
art contemporain, ceramique, performance, peinture,
Les Mayas appellent,
les mayas appellent
de loin
du plus profond
du plus profond de leur être
du plus profond de leur âme
du plus profond de leur existence
ils appellent
ils attirent
ils attisent
ils attisent l’envie d’être là
l’envie de retourner
retourner sur leur terre
terre
terre
terre
cette terre est riche
elle est belle
elle est calme
elle est «abondance»
elle vibre une lumière de folie
folie qui hypnotise
folie qui emmène
les mayas tentent
les mayas appellent à l’aide
comme une seconde chance
comme pour revivre
à travers un autre corps
corps d’énergie
corps d’envie
corps de volonté
corps joyeux ou abîmé
par les vents
par la mer
par la vie
par les haines
par les jalousies
par les épreuves
par...soi même peut-être
les mayas appellent ...
et se remémorent le passé
ils marchaient là
travaillaient là
échangeaient là
dormaient là
se reproduisaient là
s’enivraient là
cuisinaient là
chassaient là
pêchaient là
discutaient là
pensaient là
faisaient l’amour là
élevaient les enfants là
dormaient là
ils sont partis
abandonnant la terre
mais
ils sont présents
ils demeurent là
autrement
autrement
nous les imaginons
illusions?
cette vie n’existe pas
maintenant
nous ne sommes pas là ,
nous,
nous ne sommes pas
nous sommes pure énergie
et
les mayas le savent
ils nous voient
ils nous observent
tout est tout
tout est lié
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un matin,
un matin
nous nous levons
avec joie
cette terre nous attend
petits arbres
plantes de diverses couleurs
terre rouge orange
couleur puissante
la paix y règne
majestueuse
elle domine
elle s’impose
à nos cœurs mal-menés
à nos cœurs devenus gris
gris de pollution
gris d’amour perdu
gris de joie désertée
joie dévorée
à travers les arbres
les rayons du soleil nous caressent
nos cellules jubilent
et se remplissent d’énergie
là
les corps sont beaux
les corps se lâchent
les corps vibrent
les corps se détendent
le silence profond nous accueille
il perce notre réalité
il est généreux et chargé en même temps
un silence vibrant
un silence de cet autre monde
il prend au corps
il prend nos âmes.
Gaëlle Haubtmann, Mars 2021
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LIBERTé !!
4 mois
le confinement
il ne nous lâche pas
il est là
comme un ami
ami,
fidèle
alors on rêve
peut-être de partir loin de la maison
( en moto ?! )
partir loin de ces murs
ces murs qui nous séparent
séparent des autres
des êtres
des sourires
des mots
des idées
oui
vous avez réussi
vous
qui ?
eux?
je ne sais pas
je ne sais plus
nous sommes
mardi
mercredi
jeudi ?
chaque jour se ressemble
mais
ils sont là
les enfants
ils vivent au jour le jour
parfait
alors !
vivons comme eux
ces êtres plein d'énergie
cloîtrés entre 4 murs
ils sentent
ils savent
ils voient
oui le monde change
ils l'observent
ils questionnent
et questionnent
mais se réjouissent
malgré tout
se réjouissent des rues vides
vides d'humanité
tranquilles pour faire du skate !
on y va vite fait
car
la ville est morte
malgré ses couleurs
la rue est vide
le silence est fort
plus fort que le bruit des voitures
des autres jours
des autres mois
plus fort dans nos cœurs
vide
est-ce la réalité?
nous y sommes
nous y marchons
nous y goûtons
ils ont réussi
réussi
à nous séparer
à nous dégoûter
à nous épuiser
à nous diviser
la peur anéantit
chacun croit
chacun pense des trucs
chacun avance dans le noir
sans projet
sans avenir
on ne sait pas
on se sait plus
je ne vois plus les sourires
il n'y a plus de contact humain
même la simplicité du regard est morte...
juillet 2020
Eco playa,
tout est là
lancé
abandonné
jeté
oublié
je rêve….
non
tout est là
simplement
sans conscience
mother earth accueille
elle nous donne tout
et nous ?
rien
les pélicans sont là bas
posés
tranquillement sur le rocher
observent
pêchent
vivent
volent
survolent
vont
reviennent sans trop avaler ces détritus
cadeau de l'être humain
pardon
non
trop tard
le plastique
rentre dans le ventre des poissons
la cordelette apprend à
à
être sculpture
éphémère
un temps
le temps de...
le bouchon se positionne
les couleurs s'accordent
tout est là
et naissent des sculptures
éphémères
mais
présentes ce temps
oui
l'art comme la vie
merci merci merci
février 2021
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Que disent les dieux aujourd’hui?
les étincelles jaillissent
de part et d’autre
orange
rouge
blanc
lumière
le métal se ramollit
le métal se plie
le métal se soude
soude
souder
les mots pas à pas
les idées doucement
souder les émotions
intensités variées
sentiments
de là-bas
de là-haut
d’ailleurs
dieu Chaac
est-il présent ?
nous regarde t-il ?
soude
souder
une cenote pas à pas
mon imagination
devient sculpture
mélange de vécus
mélange de matières
les lignes se croisent
et s’entremêlent
les sculptures
éphémères
comme ces vies humaines
sacrifiées par les Mayas
il y a quelques siècles
auparavant
dans les cenotes...
cenote
cavité souterraine
ronde
racine
descente
ciel
Mother Earth
paroi
stalactites
stalagmites
temps
paroi
et
c’est la surface
surface
qui résonne en moi
dessous
dessus
notion de monde
autre
l’autre qui est là
mais invisible
l’infra-monde des Mayas
mystère
labyrinthe
chemin
j’y suis descendue
je m’y suis baignée
je suis restée
dans la petite grotte
à proximité
douleurs
souffrances
me sont apparues
des halos
de femmes
et d’hommes
je ne sais pas
des corps
je ne sais plus
vision ?
j’ai perçu
ou imaginé
j’ai perdu la tête ?
j’ai capté leurs signes ?
leurs douleurs
victimes des croyances
là
là-bas
en bas
depuis longtemps
la vie était là
la vie est partie
mais que disent les dieux
aujourd’hui?
quelles offrandes reçoivent ils
maintenant?
les Mayas ont disparus
et
là
maintenant
notre société
je me questionne
j’avance dans le brouillard
nous avançons dans le brouillard
vous avancez
pas à pas
vers
notre pure création
notre création humaine
pendant que l’Australie brûle
pendant que l’Amazonie brûle
nettoyage?
purification?
ou désastre?
je redescends dans la cenote
elle m’appelle
et
ma chair l’appelle
je cherche
la vie est là
et n’est plus là
je pense à Ana Mendieta
j’y retourne
comme happée par son énergie
je glisse
j’y reste
je m’assois
et les images reviennent
je parle
j’attends
l’air est là aussi
il frôle ma peau
il m’entoure
silence
je me raconte des histoires
Janvier 2020, Mérida,Mexique
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Fluides,
la terre s’offre
la terre est généreuse
les fluides du corps s’écoulent
la marée va et vient
les organes se nourrissent
respiration
respiration
un faux vaisseau
une fausse silhouette
un faux alibi
on est là
la terre respire
je respire
nous respirons
les fluides s’écoulent
les vasques se remplissent
inconscience
ignorance
égoïsme
l’eau coule toujours
elle ne se lasse pas
la lune l’attire
la tire
je marche
je dessine
je pose un vaisseau
connexion
dilemme
déphasage
ça brûle
j’arrête
je regarde
l’eau coule toujours
le sang dans mes veines aussi
mon dessin se noie
l’eau coule
faux vaisseau
fausse manœuvre
je cherche
je dessine
je photographie
j’observe
le vent se lève
RESPIRATION
avril 2017
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La petite fille aux couleurs
élan
joie
sourire
rapidité
tous sont là
devant la feuille blanche
tous les pots
peinture rouge
verte
jaune
bleue
violette
attendent...
attendent
de
s'étendre
de se répandre
avec aisance
avec joie
avec rapidité
comme
la petite fille qui arrive
je suis là
je l'accueille
elle est pleine de vie
elle aime
elle attend
elle attend ce jour
elle attend
elle en rêve du haut de ses six ans
peindre
serait un échappatoire
une bouffée d'air
un élan vers...
vers l'inconnu
mais quel inconnu ?
soi même
peut être
trop heureuse
d'y aller
plonger
dans le rouge et jaune
orange
dans le bleu et jaune
vert
dans le bleu et rouge
violet
les couleurs glissent sur le papier
elle aime
aussi
se laisser aller
oui
la petite fille est tellement joyeuse
les couleurs
lui offrent ce temps
temps « hors temps »
hors tension
si ce n'est que la tension
de cette joie enivrante !!
les formes se forment...
doucement
la feuille se remplie
mais
soudain le pinceau s'arrête
la petite fille s'interroge
attentive aux multiples couleurs
c'est le rose
qui continue l'enchantement
puis le violet
la langue aussi
est là
dans la danse
français
puis espagnol
tout se mélange
mais tout s'organise
aussi...
Gaëlle Haubtmann, Janvier 2021
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